La PKD en 10 questions !
Ce document, validé scientifiquement par Armand Lautraite, vétérinaire exerçant exclusivement en santé des poissons et Laurent Garmendia, hydrobiologiste et Directeur de la FDPPMA 09, a pour objectif d’apporter des éléments de réponse concernant la PKD ou « Maladie Rénale Proliférative ».
1- La PKD, Quezako ?
La PKD, pour « Proliferative Kidney Disease » ou “Maladie Rénale Proliférative”, est une infection causée par un parasite microscopique appelé Tetracapsuloides bryosalmonae. Il provoque principalement un gonflement de la rate et des reins des poissons (principalement la truite fario, la truite arc-en-ciel, le saumon, l’ombre), ce qui peut conduire à la mort de l’individu.
2- Comment ça marche ?
Le cycle biologique du parasite est complexe : il a besoin d’un bryozoaire (sorte de mousse aquatique mi-animale mi-végétale) pour vivre et se reproduire. Une fois qu’il s’est installé dans ce bryozoaire, le parasite va émettre des amas de cellules reproductives, les spores, qui peuvent infecter le poisson par la peau ou les branchies. Une fois infectés, les poissons vont développer la maladie (avec des lésions rénales) si et seulement si certaines conditions environnementales sont présentes. Il n’y a pas de contamination de poisson à poisson : seules les spores du parasite émises par les bryozoaires peuvent infecter des poissons.
3- Où le trouve-t-on ?
On ne trouve le parasite responsable de la PKD que dans des endroits où vit le bryozoaire, lequel aime les eaux riches en bactéries, protozoaires et plancton divers, en outre, il a besoin d'un habitat stable et protégé de la sédimentation. Le bryozoaire est actif et peut excréter des spores de parasite dès que la température de l’eau atteint 8 à 10°C.
4- Dans quelles conditions les poissons développent-elles la maladie ?
Tous les poissons infectés par le parasite ne contractent pas la maladie. Certaines conditions environnementales sont nécessaires. La température de l’eau en particulier est un facteur important : les bryozoaires s’activent nettement à partir de 10°C, ce qui augmente fortement la propagation des spores du parasite, et les truites infectées peuvent développer des lésions dès 15 °C, voire moins lorsqu'elles sont soumises à des facteurs de stress chronique (éclusées fréquentes, fortes fluctuations de la température et/ou de la minéralisation de l'eau, influence d'un rejet de station d’épuration...).
5- Pourquoi l’étudier ?
Parce qu’il est important de connaître pour prévenir et gérer !
La protection des milieux aquatiques et des poissons est au coeur des missions des Fédérations de Pêche. Une meilleure connaissance des milieux permet d'adapter les mesures de gestions associées, et de préserver les populations de poissons touchées par ce parasite.
6- Quelles conséquences pour les milieux ?
La PKD touche principalement les jeunes poissons de l’année, entraînant parfois localement une diminution du nombre d’alevins et donc de l’efficacité de reproduction. L’année suivante, les poissons qui ont contracté la maladie et qui ont survécu sont immunisés et protégés contre une rechute. Après plus de 40 ans d'investigations scientifiques, aucun risque de contamination pour l'homme ou d’autres animaux ou végétaux de la rivière n'a été relevé.
7- La PKD peut-elle faire disparaître les truites ? Non !
Dans de nombreux cas, le système parasitaire peut infecter les truites sans en tuer aucune dans les milieux où les conditions, notamment thermiques, demeurent favorables aux salmonidés. Si la PKD, seule, ne peut pas faire disparaître une population, elle peut cependant l’affaiblir considérablement, et figure d'ailleurs parmi les principaux facteurs d'affaiblissement des populations de truites fario en Suisse par exemple.
8- Quelles conséquences pour la pratique de mon loisir ?
Dans les endroits où les populations de poissons sont affaiblies, certaines Fédérations de Pêche peuvent choisir de diminuer les quotas de prélèvement de salmonidés localement pour les préserver.
9- Peut-on manger une truite qui a la PKD ? Oui !
En l’état des connaissances actuelles, il n’y a aucun risque pour l’homme.
10- PKD et “gestes barrières”
Comme pour toutes les maladies, nous avons tous un rôle à jouer pour enrayer sa propagation :
Pensez à bien nettoyer et faire sécher votre matériel, en particulier vos waders ou bottes après avoir pêché, mais également avant de vous déplacer sur un autre parcours de pêche, surtout si vous avez des semelles en feutre.
En 2020, la fédération de pêche de Lozère en coordination avec l'ARPO (Association Régionale pour la Pêche en Occitanie) a réalisé des analyses sur 8 stations : la Cabre, la Truyère, la Colagne, le Lot, l’Allier, l'Altier, le Tarnon, le Gardon de Sainte-Croix Vallée Française.
les résultats de l'étude sur les principaux cours d'eau de la Lozère sont les suivants :
En Lozère, la situation sanitaire a été analysée par un vétérinaire fin septembre 2020 grâce à une collaboration de la fédération de la Lozère avec l’ARPO (association régionale de pêche en Occitanie) et monsieur LAUTRAITE, vétérinaire spécialisé dans cette maladie. Au vu des résultats, nous pouvons déjà dire qu’elle est globalement saine et voire même très saine suivant les cours d’eau. Peu de bassins versants sont concernés par la présence du bryozoaire et même sur les cours de la Colagne, de la Truyère et de la Cabre, seul un ou deux individus présenté(s) des lésions (soit environ 6% max). Sur les cours du Lot, de l’Allier, du Tarnon, de l’Altier ou du Gardon de Sainte-Croix Vallée Française aucune présence de la pkd… !
La vigilance reste cependant de mise concernant cette maladie et tout particulièrement sur la Truyère et la Colagne où il est important de limiter l'enrichissement trophique des rivières.
Pour plus d'informations n'hésitez pas à contacter le service technique de la fédération en laissant vos coordonnées à l'adresse suivante :